Sud-Ouest (02/03/2010)


Les lapins robots sont parmi nous

Mercredi 03 Février 2010
BILLÈRE. Le Pôle culturel intercommunal et Accès(s) invitent à découvrir « Nabaz'mob », créé par A. Schmitt et J.-J. Birgé

Recueilli par Odile Faure


Antoine Schmitt et Jean-Jacques Birgé ont créé un opéra pour 100 lapins.
(Photo Guillaume Bonnaud)


Antoine Schmitt et Jean-Jacques Birgé sont les co-designers du lapin Nabaztag, qui, connecté à Internet, émet des sons, lit l'actualité, bouge ses oreilles ou change de couleur. Les créateurs ont détourné l'objet pour créer un opéra pour 100 lapins, qui tourne dans le monde entier. Nicolas Charlet, d'Accès(s), les a repérés et s'est appuyé sur le Pôle culturel intercommunal pour les accueillir. Antoine Schmitt et Jean-Jacques Birgé étaient hier à Billère.

« Sud Ouest ». C'est quoi ce délire ?
Antoine Schmitt. C'est un spectacle !
Jean-Jacques Birgé. On voulait faire quelque chose d'un peu grave. Ces lapins sont comme les êtres humains. Tout seul, ça va, mais ensemble, il commence à y avoir des problèmes. Des problèmes de démocratie. Nous avons été aidés par la technique et les contraintes de la Wi-Fi. Les lapins jouent tous la même partition, mais avec un décalage qui peut aller jusqu'à dix secondes.
A.S. Il y a plusieurs éléments aléatoires. L'aléatoire des 10 secondes, l'aléatoire inclus dans la partition à la manière de John Cage, et l'aléatoire des lapins eux-mêmes, car les robots choisissent la partition qu'ils jouent.

Êtes-vous surpris par le résultat ?
J.-J.B.
Antoine avait créé un simulateur, mais on n'a pas pu répéter. À la première représentation au centre Georges-Pompidou, à Paris, nous avions peur, mais on a vu que ça fonctionnait. Cela aurait pu être nul !

À chaque passage dans une ville, vous créez une sorte de buzz. Pourquoi à votre avis ?
J.-J.B.
Cela vient de l'objet lui-même, le nombre, le concept, l'obscurité. Il crée une forte poésie qui atteint tout le monde. C'est très populaire et cela touche aussi les intellos qui vont réfléchir sur le contrôle et le chaos.

Ces lapins, au fond, c'est nous ?
J.-J.B.
Ce n'est pas nous, c'est comme nous. Nous ne sommes pas des robots, mais ils ont des traits communs avec nous. C'est normal, c'est la prolongation de nous-mêmes.
A.S. Ils ont une situation existentielle proche de la nôtre. Il y a un effet miroir. Il y a celui qui fait bande à part, celui qui est en panne et qui ne fait rien et que le public prend pour le chef !

Êtes-vous conscients de faire la promotion de cet objet ?
Oui... Mais on a aussi participé à sa création. L'opéra participe à cette promotion, d'ailleurs. L'entreprise a mis longtemps à le voir (rires). Non, nous sommes dans une optique artistique, pas marketing. Nous ne sommes pas des représentants. Nous n'en vendons pas à la fin du spectacle !

« Nabaz'mob, opéra pour 100 lapins », jusqu'au 14 février, au PCI anciens abattoirs de Billère.
Du mercredi au dimanche, de 15 h à 19 h ; le samedi, jusqu'à 22 h. Tout public. Entrée libre.



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